Le cannabis thérapeutique : mythe ou réalité ?

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Samedi dernier (ndlr : article écrit en 2012) la Marche Mondiale du Cannabis, organisée par le CIRC (Collectif d’Information et de Recherche Cannabique), a eu lieu dans plusieurs villes françaises. Depuis 2001 le comité ad’hoc, regroupant diverses organisations dans le monde, organise des manifestations dans plus de 200 villes du globe. En France, le cannabis est peu connu du grand public malgré le fait que le pays de Marianne soit le plus gros consommateur d’Europe.

Cette 11e édition de la MMC s’axe autour d’un slogan bien connu du public français : « le changement, c’est maintenant ». En effet, les consommateurs de marijuana sont punis, depuis 42 ans et la loi du 31 décembre 1970, par un arsenal législatif contenant les lois les plus sévères d’Europe. Pourtant, ces règles ne dissuadent et ne protègent aucunement les utilisateurs de chanvre récréatif car elles les conduisent à se fournir sur le marché noir. Ce même marché noir qui vend des produits de piètre qualité entraîne un clivage et une exclusion sociale et spatiale : chômage, racisme, précarité, stigmatisation et discrimination. De plus, les arrestations au faciès enfoncent les jeunes qui se combattent pour contrôler des territoires. Cette guerre du cannabis provoque de nombreuses victimes et coûte extrêmement cher à l’État.

Des revendications cannabiques

Avec François Hollande et le PS au pouvoir, l’autoproduction et le cannabis thérapeutique sont des sujets remis au goût du jour pour le nouveau gouvernement. Ainsi, le Comité ad’hoc propose des revendications citoyennes telles qu’une réformation de la politique française et l’ouverture d’un débat public sur ladite loi de 1970 ; régulation et dépénalisation de la production (autoproduction), distribution, possession et de la consommation pour usage personnel tout en protégeant l’ensemble de la société ; prescription du cannabis dans un cadre thérapeutique ; prévention pour les mineurs et les usagers en difficulté ; information cohérente et objective sur les effets et les pratiques de consommation réduisant les risques ; possibilité pour les usagers de se regrouper et d’organiser des filières courtes de production, de distribution, ainsi que l’usage social dans des lieux adéquats. Toutes ces revendications ont donc été prônées à Paris, Lyon, Marseille, Lille, Nice, Toulouse, Tours, Nancy et La Réunion.

Le cannabis médical : du XVIIIe siècle av. J.-C à nos jours

« Nous sommes là pour que cesse la guerre à la drogue dans ce pays. La gauche est passée et on espère qu’elle fasse un peu plus de choses que la droite », a déclaré Jean-Pierre Galland, cofondateur du CIRC, à l’AFP. « Aujourd’hui, on réduit le cannabis à une plante qui se fume, alors nous appelons aussi à la reconnaissance de ses applications agricoles, écologiques et surtout thérapeutiques », a poursuivit M. Galland. Mais cette plante peut-elle vraiment être utilisée à des fins médicales utiles et incontestables ?

Historiquement parlant, l’usage thérapeutique de la « plante médicale de la marijuana » remonte à l’Égypte ancienne (XVIIIe siècle av. J.-C) et à d’anciens textes indiens et chinois (attribués à l’empereur Shennong). En Occident, c’est O’Shaughnessy en 1831 qui dévoile ses recherches cannabiques pour soigner le choléra, les rhumatismes, l’hydrophobie, le tétanos, les vomissements, les maladies infectieuses parasitaires et les hémorragies. Aux États-Unis, le cannabis et le haschish entrent dans la pharmacopée américaine officielle en 1851 comme analgésique, sédatif, antispasmodique et antiémétique. Diverses conventions et lois (Genève en 1925, Marihuana Tax Act en 1937, convention de l’ONU sur les stupéfiants en 1961) ont pour buts de contrôler la distribution et la possession de la plante.

Une plante salvatrice

De nos jours, le cannabis thérapeutique est utilisé pour soulager les effets secondaires de la maladie, ou du traitement, et est délivré sur prescription médicale dans de nombreux pays : le Canada, l’Australie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, l’Espagne et 14 États américains. Ses propriétés thérapeutiques sont connues et répertoriées par l’AICM qui en recense plusieurs centaines : nausées et vomissement, anorexie et cachexie, spasmes, troubles du mouvement, douleurs, glaucome, épilepsie, asthme, dépendance et état de manque, symptômes psychiatriques, dépressions, syndromes, cancers, maladies auto-immunes et inflammations…

Aujourd’hui, l’évolution exponentielle du nombre d’études réalisées ces dernières années (9000 articles scientifiques entre 2000 et 2007) montre l’importance et l’utilité de cette plante pour l’Homme. De ce fait, si la dépénalisation ou la légalisation est votée, le nouveau gouvernement devra définir les conditions d’accès au cannabis médical, la régulation sur la distribution, la culture et la production à des fins médicales : « le changement, c’est maintenant ».

Article écrit par Mehdi Naceri en 2012.

Questions (et réflexions) à se poser :

  • La légalisation du cannabis n’entraînerait-elle pas les français à se jeter sur d’autres drogues plus dures ?
  • La dépénalisation du haschich et du cannabis se fera à coup sûr en France dans les prochaines années. Cependant, comment les gouvernements successifs vont-ils gérer ce tournant ?
  • La majorité des prisons françaises sont remplies d’individus enfermés à cause de ces trafics. La dépénalisation pourrait-elle réduire le nombre de prisonnier durablement ?
  • En dépénalisant, l’État pourra se faire de l’argent avec des impôts précis et ce, sans dépenser des millions contre la lutte anti-drogue « douce ». Utiliser nos forces policières et militaires pour attraper les petits délinquants n’est pas la bonne marche à suivre.
  • Se concentrer sur le gros gibier évitera d’envoyer en taule des français qui ont fauté par appât du gain. Si l’argent sale d’un travailleur de l’économie souterraine devient, tout à coup (à coup de lois et de réformes), de l’argent propre alors vous verrez de nombreuses sociétés fleurir et aider au budget de la France.
  • Ne soyons pas hypocrite, la France est le plus gros consommateur d’Europe mais rien n’est mis en place pour aider durablement et convenablement les toxicos dans leurs malheurs. En tout cas, les moyens mis à disposition par les gouvernements successifs ont été plus que ridicules pour contrer cette vague de drogue qui a envahit notre pays depuis des dizaines d’années. De la French Connection à l’aéroport actuel de Roissy Charles-de-Gaulle, les drogues dures sont présentes sur le territoire et ne cessent d’augmenter en quantité, en qualité, en production, en diversité et, surtout, en dangerosité.
  • Pourquoi le débat n’est-il pas engagé une bonne fois pour toute ? Un referendum steplait ? Un moratoire s’il vous plait ? Bon, un post sur un blog c’est bon ?!