Le Journalisme dans un futur proche (idée de WebDocumentaire)

Le journalisme, comme notre monde actuel, est en changement permanent. Le futur de ce métier semble compromis depuis l’arrivée d’Internet et du Web 2.0. Ainsi, la plupart des journaux « papiers » sont boudés par de nombreux lecteurs. Lecteurs qui n’ont pas forcément l’envie de payer pour obtenir de l’information ou qui, éduqués par les sites Internet depuis leur plus tendre enfance, n’ont pas le réflexe et l’habitude de lire ces canards. Or, le journalisme est en pleine mutation mais aussi en pleine « crise » parait-il.

« Selon vous, à quoi ressemblera le journalisme dans un futur proche ? »

Pour y répondre, nous nous intéresserons dans un première partie aux mythes liés au futur du journaliste puis, dans une seconde partie nous aborderons le journalisme 2.0 pour en faire ressortir les avantages et les inconvénients de celui-ci et pour finir, nous analyserons le futur avènement du robot-journaliste.

I – Mythes du futur journaliste

A – Le journalisme en crise ?

Tout d’abord, le journalisme n’est pas en « crise » ou, du moins, n’est pas sur le déclin partout dans le monde. Comme la plupart des métiers, il suit la tangente économique actuelle. Il est donc en expansion et en bonne santé dans la plupart des pays en voie de développement et à mauvaise mine dans les pays développés. La liberté de la presse est à analyser au cas par cas.

En outre, les acteurs majeurs de l’information restent les médias traditionnels dans ces pays riches mais en crise. En effet, ils ont plus de poids que les médias en ligne et arrivent parfois à garder leur lectorat grâce à l’attachement, à la qualité du journal, au traitement de l’information qui diffère selon les journalistes.

B – Les revenus publicitaires : des « clics » (CPC) qui peuvent rapporter GROS ?

Certaines rédactions pensent qu’il faut se concentrer sur l’information locale alors que ce marché ne rapporte pas assez d’argent à celles-ci. Les revenus publicitaires physiques, souvent venus d’entreprises locales, ne sont pas assez bénéfiques tandis que la publicité à l’air d’être plus fructueuse sur Internet. Cependant, la répartition de ces revenus sur la toile est plus bénéfique aux publicitaires et agences de communication qu’aux journalistes. Les médias ne reçoivent qu’une infime partie de l’argent généré par les « clics » quotidiens des internautes.

C – Un contenu adapté pour une audience avisée

Par ailleurs, pour gonfler leurs chiffres de lecteurs les rédactions doivent se concentrer sur le contenu de leurs papiers mais pas seulement. Ces contenus doivent être adaptés aux attentes de l’audience visée, ce qui a pour effet de fidéliser la clientèle et d’augmenter le chiffre d’affaire de l’entreprise. Avec l’avènement du web, de nombreux outils sont devenus indispensables à tout bon journaliste qui se respecte. De nouveaux métiers ont même émergés de l’association entre journaliste et Internet. Au vu de la conjoncture actuelle, le futur du journalisme passe forcément par le 2.0.

II – Le journalisme 2.0

A Les nouveaux métiers du journalisme

Ce journalisme « nouvelle génération » a explosé ces dernières années et certains ont réussi à tirer leur épingle du jeu en profitant totalement de l’association médias sociaux et journaliste. Certains jobs tels que le community manager, le social media editor, le data analyst, l’e-reporter ou encore le curateur d’information se sont développés à une vitesse hallucinante.

Ainsi, ces métiers consistent surtout à animer les réseaux sociaux, à trier le flot d’informations ou à enquêter sur le net. Mais l’intégration de ces métiers dans l’organigramme des journaux n’est pas encore opérationnelle. Les compétences qu’ils utilisent ne sont pas à prendre à la légère puisqu’elles seront sûrement demandées par toutes les salles de rédaction à l’avenir.

B Les réseaux sociaux dans les chartes rédactionnelles

Les réseaux sociaux se professionnalisent et ils proposent même aux journalistes des cours particuliers pour réussir à utiliser leurs outils au maximum de leur capacité. Ainsi, Facebook vous apprend donc à capter l’attention de l’auditoire plus facilement et rapidement que les autres et à lancer des « scoops » pour attirer les lecteurs.

De son côté, Twitter semble tout de même plus professionnel que Facebook, affilié majoritairement à la vie privée. Il est évident que cela lance le débat sur le rôle du journaliste en tant que professionnel et personne. Certaines rédaction connaissent très bien ce pseudo « problème« .

La charte de France Télévisions ne permet pas de cumuler deux comptes Facebook ou Twitter et tout ce qui a été, est et sera écrit sur votre profil devra être assumé. Certains de nos futurs collègues n’ont pas le droit de critiquer leur journal par exemple. Il est aussi utile de stipuler, à la fin du post, que les propos employés sur celui-ci n’engagent que l’auteur.

C L’argent attire les géants

D’autre part, les patrons de presse et les journalistes accusent certains sites Internet de voler le contenu de leurs journaux pour en retirer tout le bénéfice. Google News est l’exemple le plus connu. En effet, depuis 2002 le géant de Mountain View répertorie les informations et les articles de journaux parus sur le web tout en s’appropriant la manne financière engendrée par le trafic. C’est pourquoi les rédactions en ligne devront se spécialiser.

Elles devront faire accéder le lecteur à l’information d’une manière plus rapide, plus fluide, plus géographique, plus thématique, et les faire payer plus simplement. Les publicités devront donc s’adapter au lecteur auxquelles elles s’adressent.

Et surtout, l’information devra être accessible à tout moment et à n’importe quel endroit du monde grâce aux smart phone, tablettes tactiles, MP4 et autres nouvelles technologies. Même les applications devront se calquer sur le lectorat mais certaines seront gratuites et d’autres payantes, d’où le problème économique et sociétal actuel et à venir : Si il faut payer un prix moyen trop élevé pour recevoir quotidiennement de l’information de qualité et des perspectives d’avenir, alors le monde continuera sur son chemin du grand pouvoir, Money Money Money…

III – L’avènement des robots journalistes

A – Les médias en ligne de demain

Certains journalistes ont déjà plongés à corps perdus dans les médias en ligne sans se casser les dents. En exemple, le site Nozzl.com qui appartient à une start-up créée par deux journalistes (Steve Woodward et John Hamlin) et un ingénieur informaticien (Brian Hendrickson). Ce site futuriste, ressemblant à Google News, donne déjà l’idée de ce que seront les médias en ligne dans quelques années.

En effet, l’objectif ici est d’obtenir des informations classées chronologiquement, répertoriées par sujet (sous formes de liens dans des fenêtres de lecture appelées widget) en lien avec l’actualité chaude nationale et internationale. Ce prodige est possible grâce à un algorithme, utilisé aussi par Google News, qui rassemble des données disponibles en ligne et tirées des journaux, des agences de presses, des flux RSS, des réseaux sociaux et des blogs.

La particularité de cette start-up est qu’elle a été crée par des journalistes donc ils sélectionnent les sources d’informations et agencent le système en fonction de leurs critères. Cependant, ce site est tout de même réservé aux professionnels et non aux utilisateurs lambdas qui se trouveraient assurément submergés par le nombre conséquent d’informations qui défilent à l’écran. Malgré l’algorithme et l’information robotisée, c’est une intelligence humaine qui dirige le robot mais plus pour très longtemps.

B – Infolab : la société tueuse de journalistes

La société Infolab, installée à Northwestern, va radicalement changer le futur du journalisme dans les années à venir et peut-être pas de façon bénéfique : à vous de vous faire votre propre avis.

Des spécialistes de l’Intelligence Artificielle ont crée un robot (réseau d’ordinateurs reliés entre eux) nommé Stats Monkey qui peut écrire un article de sport sans l’aide d’un humain, sauf pour l’activer.

Stats Monkey :

  • Télécharge donc les tableaux chiffrés et publiés sur le web (base-ball pour le moment),
  • Collecte les données brutes (score minute par minute, actions individuelles, stratégies collectives, incidents),
  • Classe la masse d’informations,
  • Reconstruit le déroulé du match en langage informatique (qu’il puise dans une base de données contenant des phrases, des expressions, des figures de style et des mots-clés souvent utilisés par les journalistes sportifs),
  • Rédige un article sans fautes d’orthographe ni de grammaire,
  • Et vous avez un article prêt à être publier en deux secondes chrono…

Ceci n’est que la première version. Plus tard, il pourra décortiquer de gros volumes d’articles écrits par des humains et imiter le style d’écriture de tel ou tel journaliste connu. Une version commerciale sera même bientôt accessible en ligne et contiendra des articles de base-ball mais aussi de football, de basket-ball, sur la finance, sur la Bourse, etc.

C – News at Seven, Tell Me More, Manatee Comics ou comment faire mourir l’esprit créatif ?

Dans un autre laboratoire de la même société, un système expérimental appelé News at Seven fabrique des mini-journaux télévisés pour Internet. Ces journaux sont présentés par deux personnages de dessins animés (Zoe et George) et sont interactifs.

News at Seven

L’internaute :

  • Choisi trois thèmes d’actualité et le système parcourt les sites d’informations,
  • Trouve les textes,
  • Trouve les raccourcis,
  • Envoi les textes vers un logiciel de synthèse vocale qui crée deux fichiers audio (voix homme et voix femme),
  • Les textes sont lues à l’écran par les personnages.De plus, il peut aussi créer des critiques de films en triant les articles positifs et négatifs grâce à un dictionnaire de mots-clés et trouver des vidéos sur le net pour les insérer dans l’émission.

Tell Me More

Encore un autre robot développé par Infolab, Tell Me More, utilise un système intelligent qui mémorise un article politique publié sur CNN.com et trouve d’autres articles traitant du même sujet (AP, Reuters, Chicago Tribune). Si le contenu est identique il le rejette, si il y a des informations supplémentaires il le prend. Il compose ensuite un nouvel article plus long et plus riche en incorporant à l’article les phrases les plus pertinentes récoltées sur le web aux bons endroits.

Manatee Comics

Les dessinateurs et autres caricaturistes du journalisme ne seront pas en reste puisque le robot Manatee Comics fabrique des BD automatiquement. Ce système reproduit et automatise les mécanismes de plaisanteries basées sur une comparaison, une chute inattendue ou un paradoxe. A terme, il choisira le sujet de sa BD du jour grâce aux événements les plus recherchés et les plus commentés par les internautes sur Google.

Quoi de mieux qu’un journaliste rapide, pas cher et sans états d’âme ?

Conclusion :

Pour conclure, les utilisateurs font preuve « d’infobésité » c’est-à-dire qu’ils piochent l’information un peu partout de sorte qu’ils n’ont plus une source principale mais des dizaines voir des centaines. De ce fait, le journaliste professionnel doit pouvoir mettre en perspective l’information, l’expliquer et l’analyser, la mémoriser, utiliser sa culture pour donner un sens à celle-ci, raccorder les sujets, les événements, les problématiques et l’histoire. Cette capacité à réduire le « bruit » est la chose primordiale qu’il faut retenir.

Le statut du journaliste, de même que celui des rédactions, va devoir changer pour ne pas sombrer. Avec la multitude de nouveaux formats de journalisme, il faudra rassembler dans une même équipe des rédacteurs, des photographes, des reporters d’images, des designers, des développeurs, des informaticiens, des statisticiens, des économistes, des directeurs artistiques, des architectes de l’information et des journalistes.

Tout ce beau monde prendra de l’avance et apportera de la valeur ajoutée à leurs produits : blog, podscast, Web TV, webdocumentaire, journalisme de données, Web magazine, diaporama, portfolio, infographie animée, vidéographie, visualisation de données, journalisme visuel, Web reportage.

Le journaliste expérimenté devra donc savoir utiliser les possibilités inédites offertes pas les nouvelles technologies et Internet : méta données, liens dans les contenus, liens vers des enrichissements extérieurs, QR-codes, dialogue des machines, organisation des communautés, agrégation de contenus, visualisation de données, enrichissement par d’autres médias (vidéo, graphiques, animés).

Ce traitement de l’information offre donc une couverture plus riche et plus dynamique. Ce sont des fenêtres sur des univers et non plus des pages statiques et immobiles. Ce nouveau journalisme est sûrement celui de l’avenir.

Idée de webdocumentaire façon dissertation écrite par Mehdi Naceri en 2013.